La recherche que je mène s'inscrit sous l'égide de l'ingénierie des connaissances, en adoptant une double approche,
L'ingénierie des connaissances ne porte pas directement sur les connaissances, car ces dernières ne sont pas des objets matériels sur lesquels effectuer des manipulations et transformations. L'IC porte sur l'inscription matérielle des connaissances, en se fondant sur le fait que :
L'IC ne porte pas sur toutes les inscriptions de connaissances, mais celles qui adoptent le support numérique comme substrat d'inscription. Le numérique confère une cohérence et une unité à l'ingénierie des connaissances :
L'Ingénierie des connaissances sera donc l'ingénierie des inscriptions numériques de connaissances. Elle élabore des outils, méthodes et dispositifs mobilisant les inscriptions numériques pour assister le travail de la pensée et l'exercice de l'esprit.
D'un point de vue philosophique, l'ingénierie des connaissances repose sur l'articulation entre les supports d'inscription et les connaissances qui sont ainsi inscrites. La question est en effet de comprendre en quoi une inscription peut constituer et transmettre une connaissance. C'est donc une théorie de la connaissance qu'il faut élaborer : pour notre part, nous avons proposé la théorie du support.
D'un point de vue technique, l'ingénierie des connaissances comprend deux modalités essentielles :
Les inscriptions formelles correspondent aux représentations logiques formalisées modélisant le sens et la signification, que ce soit la signification de contenus, documents, pensées, expressions linguistiques, etc. Le principe est que la syntaxe formelle à la base de ces inscriptions contrôle et détermine la signification associée. Cette syntaxe possède donc une sémantique formelle.
Les inscriptions documentaires correspondent aux contenus mis en forme, produits, consultés et transmis à l'aide des documents. Les documents numériques reposent sur une numérisation du contenu où les unités numériques manipulées techniquement sont dans un rapport arbitraire avec les unités de sens interprétées par un lecteur. Par exemple :
L'intérêt des inscriptions formelles est de pouvoir déléguer à la machine des traitements reposant sur la sémantique des contenus manipulés ; l'inconvénient est de contraindre cette sémantique et de la réduire aux capacités expressives et calculatoires des formalismes.
L'intérêt des inscriptions documentaires est de pouvoir exprimer n'importe quel type de contenu et de signification associée, car la forme technique reflète l'apparence et non le sens du document. L'inconvénient est de ne pouvoir introduire simplement de l'« intelligence » dans les traitements effectués.